A la découverte du Marais-Poitevin

BrunoAgriculture, AlterTour, Edition 2019, Environnement, Pays de la Loire

Cap sur l’océan

Pic de chaleur sur l’AlterTour ! L’énergie a conquis tous les altercyclistes dès l’aube ! L’organisation est à la pointe dès le matin car nous savons que l’océan nous attend. Michel et Pierrot, des altercyclistes hors pair, sont partis en éclaireurs la veille afin de nous permettre de faire un crochet par la plage du Rocher de Longeville sur Mer ce matin.

A peine nous quittons la bergerie du Brandais, nous arrivons dans les environs de Talmont-Saint-Hilaire et c’est un passage historique de l’AlterTour sur son édition 2019 puisque nous franchissons la frontière du plateau aquitain ! Une heure de coups de pédales plus tard et nous atteignons l’Atlantique. La houle nous donne tous envie de participer à cette grande baignade. Nous partageons un réel plaisir dans ce bain collectif.

Nous repartons l’esprit léger sur nos vélos en direction de Saint-Denis-du-Payré, guidés par des flèches aux allures marines et aquatiques. Le pique-nique préparé pour le déjeuner est un régal, nous nous délectons de cette fraîcheur et de cette cuisine somptueuse !

La réserve de Saint-Denis-du-Payré, « La Camargue de l’Ouest »

Au cours du repas, nous faisons la rencontre d’Hugues qui nous a concocté une visite guidée de la réserve naturelle de Saint-Denis-du-Payré. La découverte de ce site ornithologique (mais pas que !), encadré par la LPO, nous permet de mieux cerner cette « Camargue de l’ouest ».
Hugues est un passionné et nous livre de riches connaissances autour du Marais-Poitevin et plus particulièrement autour de cette réserve qui accueille au fil des saisons les oiseaux hivernants, les oiseaux de passage et les oiseaux nicheurs pour une étape sur leur voyage.

Nous pénétrons dans ce no man’s de l’agro-industrie de 207 hectares baigné dans la quiétude de ce marais. Nous y observons à travers des lunettes un grand nombre d’espèces : des spatules blanches, des échasses blanches, des cygnes tuberculés, les pâturages occupés par les bovins et les mulassiers, … Quel moment fabuleux ! A noter que cette réserve naturelle compte plus de 350 espèces de plantes et abrite une faune très diverse comme les loutres ou même des espèces exotiques envahissantes. Ce territoire au sol argileux et au sous-sol salé est à notre portée. Il nous suffit de quelques heures en compagnie d’Hugues pour être plongés dans ce lieu chargé d’histoire qui a été entièrement façonné par la main de l’homme.
En effet, nous apprenons que nous dormirons ce soir en dessous du niveau de la mer. L’océan baignait ces terres jusqu’au XVIème siècle jusqu’à leur conquête par l’homme pour leurs richesses. Au fil des siècles, le territoire est devenu un océan de culture intensive. Les prairies pâturées, présentes en grande majorité dans les années 70, permettent de maintenir certaines espèces de plantes et d’entretenir un système extensif. Elles ont été transformées pour la plupart en parcelles de grandes cultures.

Ça discute à la ferme de la Dixmerie

Les eaux souterraines, les niveaux des eaux de surface, le maintien des prairies, la qualité de l’eau et la sauvegarde de la biodiversité : toutes ces problématiques autour du Marais-Poitevin ont fait l’objet d’une discussion en fin d’après-midi au sein de la ferme de Sophie et Hugues, la ferme de la Dixmerie à Triaize, où nous avons été accueillis pour la nuit. Nous y avons passé une soirée formidable, dans le caquètement des poules et autour d’excellentes grillades.

Tiffany, éleveuse de chèvres, « La passion ça ne se mange pas »

Tiffany, une éleveuse de chèvres, a animé la soirée par une conférence gesticulée intitulée « la passion ça ne se mange pas ». Beaucoup d’émotions autour de cette performance exceptionnelle et de ce témoignage qui donne à réfléchir. Son récit soulève les problématiques du quotidien des paysans face à un système capitaliste : qu’est-ce qui constitue le prix de vente des produits agricoles ? quel avenir pour les paysans à qui l’on demande de plus en plus de productivisme ? le dur labeur pour une rémunération bien souvent pas à la hauteur de l’énergie investie…


Cette expérience personnelle qui rejoint tant de témoignages déjà exposés, nous rappelle les raisons de notre présence sur l’AlterTour : pour une action solidaire et une réflexion collective autour de notre avenir.

Pauline