A Valence, Graine de Cocagne ne sème pas que des légumes

MathieuAuvergne-Rhône-Alpes, Agriculture, Édition 2017, Social

Soixante kilomètres annoncés qui se sont révélés quarante, sur du presque plat, dont une voie verte le long d’une rivière. Seulement trois crevaisons, deux chutes et trois demi-tours pour cause d’impasse, une pacotille, que nous mettrons sur le compte des vélos fatigués, à deux jours de la fin. Donc, nous partîmes cinquante-trois de Saint-Antoine l’Abbaye (Isère) et arrivâmes cinquante-cinq à Saint-Marcel-les-Valence, dans la Drôme à 4 km de Valence. Notre accueillant, l’association de maraîchage biologique Graine de Cocagne, nous attendait avec des assiettes de pastèques juteuses, qui nous firent oublier tous nos kilomètres. Marie-Pierre, Manon et Jeremy pilotent une ferme comptant des jardins et  cinq immenses serres produisant l’équivalent de trois-quarts de baleine (soit 100 kilos) de légumes bio par an. Les légumes et fruits sont commercialisés en paniers dans des points-relais dans l’entourage de Romans-sur-Isère et Valence, dans des cantines et structures de restauration collective.

Mais ce n’est pas le point le plus important. Graine de Cocagne œuvre en même temps au service de l’insertion sociale et professionnelle en employant des personnes en difficulté, comme des personnes sorties de prison, en situation de handicap, d’addiction notamment. Parmi  leurs  douze salariés actuels on compte aussi quelques réfugiés politiques qui ne maîtrisent pas encore le français. Si la ferme bénéficie de subventions, elle met un point d’honneur à réaliser aussi un chiffre d’affaires via les ventes, qui valorise le travail des personnes prises en charge. Ces dernières peuvent être accompagnées pendant deux ans jusqu’à retrouver leur chemin de vie.

 Sous l’auvent, nous avons dîné en compagnie de quatre militantes de l’association Femmes en Luth qui accompagne les victimes de violences conjugales vers l’autonomie et la sécurité. Léa, qui a bénéficié de l’aide de l’association, a pu reprendre son travail après un séjour à l’hôpital et quitter son mari violent. Grâce à son réseau de connaissances elle a loué un appartement, officialiser son divorce et a pu reprendre son travail de nuit dans une maison de retraite.

Après une petite averse, la nuit tombée, vaisselle faite et rangée, les altercyclistes ont sorti l’accordéon, les guitares et le cahier de chansons, et c’est pourquoi je dois vous quitter, bien à regret.

Karine