Le Tour des Tours #2

Dominique MVélo

Ici, en poursuivant ce panorama des tours engagés (voir #1), on présente quelques tours à vélo, principalement de France, qui mettent le focus sur une thématique bien précise comme la santé mentale ou le revenu de base, le nucléaire, le cancer du sein ou encore les bibliothèques.
À chaque fois, ce sont des cyclistes motivé.e.s, concerné.e.s et avec beaucoup d’enthousiasme qui vont de rencontre en rencontre, enfilent des kilomètres tout en profitant des territoires traversés.

Briser les tabous sur la maladie psychique

L’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) a créé une rando vélo, la Psycyclette qui s’est déroulée pendant une dizaine de jours au mois de juin 2019 pour sa 6ème édition. Ce ne sont pas moins de 150 psycyclistes, des personnes vivant avec des troubles psychiques, des soignants, des bénévoles et des cyclotouristes avertis qui ont enfourché leur bécane sur trois parcours.
Les participant.e.s roulent pour faire évoluer les consciences par rapport à la maladie mentale, démystifier le handicap. Cette aventure collective rompt l’isolement de certain.e.s, présente un aspect préventif, leur permet de se reconstruire. 
Accueil festif, animations, repas conviviaux attendent les cyclistes à chaque ville-étape.

Pédaler pour le revenu de base

Récemment apparu, le Tour de Base a pour destination Les Estivales du Revenu de Base, organisées par le MFRB (Mouvement français pour un revenu de base). 
Pour sa 3ème édition, il a joint Niort à Périgueux en 2 semaines au mois d’août 2019, pour le plaisir de la découverte des régions traversées bien sûr mais aussi pour prendre la température auprès des Français.e.s sur l’idée d’un revenu de base et en faire avancer l’idée dans les consciences… pour tout simplement faire émerger une société plus juste.
Pour préparer au mieux ces rencontres et échanges dans l’espace public, le Tour de Base s’est équipé d’une installation mobile permettant de retracer l’histoire du revenu de base ainsi que les différentes expérimentations qui ont eu cours à travers le monde. Théâtre et musique de rue seront en plus au programme cet été pour animer leur parcours dans le Nord.
C’est aussi une aventure collective avec cercle de paroles en soirée. 

Les Bure Haleurs, on les connaît à l’AlterTour.

On les a entre autre croisés en chemin et en chansons, en 2018, lors des journées organisées contre le projet de poubelle nucléaire à Bure.

Les Bure Haleurs ont emmené un convoi d’une trentaine de cyclistes l’été passé, lors de la 7ème édition du Halage du Débat de Trèves à Bure, le long de la Moselle, pendant une semaine en juillet. 
Instruments de musique, sono solaire, véléctricyclettes, bécanes customisées à souhait font partie du voyage. Leur parcours a été rythmé par des concerts, des animations, des rencontres avec les habitants des villes et villages traversés, les élus locaux, … ainsi que les RG et la police. 
C’est leur moyen d’informer, de mobiliser autour des risques inhérents aux traitements et à l’enfouissement des déchets radioactifs de l’industrie nucléaire française.
Itinéraire qui s’est, comme il se doit, terminé devant les grilles de l’Andra !

L’aventure À la mer à vélo

L’association 4S (Sport Santé Solidarité Savoie de Chambéry) a organisé en 2019 la 5ème édition de leur tour à vélo, menant une quarantaine de femmes atteintes d’un cancer féminin de Chambéry à Venise. 
Les activités de cette asso sont basées sur ce constat : la pratique d’une activité physique quotidienne diminue considérablement les risques de récidive de la maladie. Son objectif est donc de permettre aux femmes de ré-apprivoiser leur corps pendant ou après les traitements, en les impliquant dans un projet collectif à long terme afin de les sortir de l’isolement.
En mettant en selle des femmes ni particulièrement sportives ni cyclistes, ce groupe porte, booste des participantes qui se découvrent sous de nouveaux aspects, envisagent un nouveau départ, gagnent en autonomie, font changer le regard de leurs proches sur elles.
Leur odyssée a été talentueusement observée par la caméra de Lucia Palenzuela (Oui, oui, celle-là même qui nous a aussi filmé cet été et nous survolait avec son drone) qui a réalisé le film Battantes à leur sujet .

(crédit photo : Lucia Palenzuela)

La vélorution des bibliothèques

La 6 ème édition d’HaPar, branche francophone de Cycling for Libraries, a relié Le Havre à Paris pendant la première semaine de juin 2019 et a rassemblé plus de 50 cyclistes bibliothécaires ou fans de bibliothèques de toute nationalité.
Ces cyclothécaires de l’association Cyclo-biblio interpellent les décideurs politiques, visitent les bibliothèques (universitaires, municipales, médiathèques), échangent avec leurs collègues, s’adressent aussi aux citoyens/passants et en particulier aux personnes qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les bibliothèques afin de les inciter à découvrir ces lieux d’accès à l’information et à l’internet, pour que les bibliothèques soient parties prenantes de la société, soient des lieux qui proposent des espaces accueillants, assurent la liberté d’expression, permettent de trouver et d’interroger l’information mais aussi de découvrir l’inattendu, de stimuler l’esprit critique mais aussi d’éveiller les sens et l’imaginaire et où l’on puisse se former au numérique.
Prochaine édition dans les Flandres françaises et belges.

Que sont-ils devenus ?

Les tours d’une fois ou de plusieurs dont on n’a plus de nouvelles.

Le mouvement Cycling for libraries a aussi donné naissance en 2017 à un Cycling for libraires Belgium. Depuis, plus de nouvelles. 

Il existe aussi un groupe roumain, CicloBiblio Romania qui a organisé un tour en 2017 et 2018.

La Caravane de l’association Terre d’Ancrages a relié Lyon à Paris en 2017. Bénévoles et réfugiés ont roulé ensemble pour valoriser les initiatives d’accueil pour réfugiés sur le territoire, pour finir à l’assemblée nationale et faire valoir les droits de personnes demandeuses d’asile.

Le projet d’une liaison ferroviaire à grande vitesse reliant la frontière française avec les trois principales villes du pays basque sud (Bilbao, Saint-Sébastien et Victoria-Gasteiz) est rejeté par une partie des habitants, rassemblés sous le non AHT Gelditu. Des tours à vélo ont déjà été organisés pour s’y opposer dont l’Ahtaren Aurkako Bizilketa Martxa en 2018.

A presto, laster arte, ne vedem curând, … à bientôt, on se reparle pour le 3ème article du Tour des Tours.

Lire l’article Tour des Tours #1