Un après-midi à la Californie

JonasAlterTour, Bourgogne-Franche-Comté, Edition 2020, Transverse

Oui, à la Californie, pas en Californie, nous n’avons pas changé de continent, c’est simplement le nom du tiers lieu rural que nous avons visité à Toucy ! Créé en 2018, il est encore en phase de construction et d’expérimentation et regroupe pour le moment deux magasins solidaires (une recyclerie et un vestiaire), un comptoir numérique, un atelier vélo, une friche et un atelier théâtre.

Trois parcours de visite nous ont été proposé : découverte du sol, des saules ou des plantes sauvages.

J’ai suivi la visite des plantes sauvages médicinales et c’était impressionnant de découvrir le nombre de variétés possédant des vertus. Surtout sur ce terrain à première vue assez ingrat : laissé à l’abandon pendant 10 ans, le lieu hébergeait auparavant un magasin de motoculteurs et machines agricoles. Le sol est très caillouteux et bien qu’on soit dans une zone humide, la pelouse est sèche et on peine à trouver de l’ombre aux pieds de quelques arbustes. Malgré tout, les plantes qui guérissent foisonnent, pour peu qu’on sache les reconnaître : la prêle et son pouvoir reminéralisant, la molène dont les fleurs en infusion apaisent la toux, le plantain lancéolé dont le suc des feuilles apaisent les piqûres d’insecte, le millepertuis qui cicatrise les brûlures et l’achillée millefeuille qui cicatrise les égratignures… Pour se soigner avec les plantes, pas besoin de planter ni de cultiver dans un jardin, une fois qu’on les connaît il suffit de cueillir ce qui pousse spontanément !

Une fois les visites achevées, les Californiens locaux et de passage se regroupent et se dispersent à nouveau pour participer à différents ateliers.

Près du garage, on sort les meuleuses, perceuses et autres outils pour bricoler des bicyclettes hybrides. Au programme : machine à laver à pédales, mixeur/blender emporté par la force des mollets et, à la demande spécifique d’un agriculteur du coin, un vélo dérouleur de clôtures. Le principe est toujours le même : un vélo dont on suspend la roue arrière pour qu’elle ne touche plus terre. Ensuite on attache directement la chaîne sur la machine (cas du lave-linge) ou bien on fixe une roue de roller au niveau de la jante : en pédalant, la roue de vélo emporte celle du roller qui est fixée sur un axe qui fait fonctionner le mécanisme de l’appareil.
(Si le concept vous semble obscur malgré cette explication, n’hésitez pas à taper « lave-linge vélo » dans votre moteur de recherche alternatif préféré pour voir un modèle en action!)

Sous une toile, assis en demi-cercle, un groupe assiste à l’atelier d’auto-réparation pour débutants. Camille passe en revue les divers éléments : le sens de fixation du pneu, le gonflage, qu’est ce qu’une roue voilée, le mécanisme de la mâchoire de frein, la pression dans le câble de frein, l’usage du multitool , le jeu de direction et les réglages de vitesse. Malgré la chaleur, les participants sont enthousiastes, chacun partage des anecdotes ou informations complémentaires et on entend parfois des exclamations ravies « aaaah mais c’est comme ça que ça marche ! » après certaines explications. C’est vrai, on a beau pédaler presque tous les jours, pour beaucoup le mécanisme interne de nos bécanes reste un mystère et c’est un plaisir que de comprendre la logique de leur fonctionnement. Le conseil à retenir, valable dans toute manipulation mécanique : quand on démonte des petits bouts, faire gaffe à les laisser dans le bon ordre pour savoir dans quel sens les remettre.
Entre deux massifs de saules, des altercyclistes assis autour d’une table de pique-nique se prêtent à un jeu de rôles sur la mobilité en milieu rural. Ils se mettent à la place de différents profils types (une personne âgée, un adolescent, une personne à mobilité réduite…) pour s’interroger sur les obstacles qui se présentent à l’usage du vélo et des éventuelles solutions pour les surmonter. L’échange a été riche en idées et ils nous les présentent en fin d’après-midi. Parmi les possibilités évoquées : l’aménagement pour sécuriser la route par les communes ou le balisage d’itinéraires bis, la mise en place de vélobus, le prêt de vélos, électriques ou non, par la mairie pour les habitants ou par une entreprise pour ses employés, l’installation de garages à vélo adapté, douches et vestiaires dans les entreprises, des formations à la conduite du vélo dans les écoles, etc.

Après l’habituel accueil des nouveaux, brief et repas, on passe une délicieuse soirée arrosée de bières et jus de pomme frais, des pizza et un improbable concert de blues avec deux musiciens américains.

Pauline