Étape du 18 juillet : Mison – Éourres

MathieuAgriculture, Environnement, Habitat, Transverse, Édition 2011, Provence-Alpes-Côte d'Azur

Sous un soleil revenu et bienvenu, nous repartons ce matin presque à l’heure dite : 8h…. et un petit quart, ce qui aurait plu à Edgar…., inventeur de l’horloge parlante, rien de moins – le dit Edgar étant né, nous le savons maintenant, dans le village de Ribiers, que nous traversons ce matin. Mais cette « petite » étape de Mison jusqu’au village d’Éourres nous fait surtout traverser les somptueuses gorges de la Méouge…. qui nous coûtent cependant quelques belles montées !

Et nous avons beau éviter pour cette fois le passage d’un nouveau col, les derniers km vers le village rincent nos dernières forces.

Mais un fois arrivés, quel accueil ! D’abord les enfants nous lancent des bouquets de lavande en chantant « le vélo, c’est champion – tout le reste c’est bidon !» et sur la place, les parents ne sont pas en reste : applaudissements, encouragements – et surtout buffet en auberge espagnole apporté par tous les éourriens.

Après ce festin partagé, nous partons à la découverte des lieux accompagnés par deux conseillers municipaux : Yves Michel (éditeur de métier et ancien maire) et Bernadette Maras (maraîchère), tous deux éourriens depuis une trentaine d’année. Le village, presque dépeuplé dans les années 70 a vu arriver des nouveaux habitants à partir des années 75, à la recherche d’une vie communautaire. Depuis, le flux est resté continu et ce sont aujourd’hui plus de 100 personnes qui vivent ici, presque tous à l’année, dont 7 familles de paysans.

La clé de voute de la vie collective est la volonté de permettre la participation permanente de l’ensemble des habitants aux décisions de la commune. Des « journées village » sont ainsi organisées chaque mois pour choisir au consensus les actions mise en oeuvre : station d’épuration par filtre à roseaux plantés, construction de logements communaux (7 à ce jour), ou encore accueil de l’altertour – le conseil municipal tente de tout soumettre à ces temps de démocratie participative.

Un autre lieu essentiel de la vie du village c’est l’école (jardin d’enfants puis primaire) qui s’appuie sur des pédagogies alternatives Steiner et Frenet. Et puis il y a les moments festifs : pour Noël, Pâques, fête du printemps, ou lors de concerts organisés dans l’église.

Et puis il y a la Biocoop (la plus petite de France), le tableau libre de petites annonces, le restaurant-café du Lézard vert, les réflexions sur la sobriété énergétique, etc etc…. n’en jetez plus, les alter-cyclistes sont conquis !! Et quand ils arrivent devant la chambre froide de Bernadette, le bonheur est total : les habitants peuvent s’y servir en légumes à tout heure, à condition de noter leurs achats qu’ils règlent en fin de mois. « Quand on fait confiance au gens, ça marche…. » (dixit Bernadette).

Cependant, faire vivre une telle collectivité n’est pas si simple : à certaines périodes, les journées villages et les activités communes se dépeuplent – et surtout aujourd’hui émergent des aspirations divergentes entre les différentes générations qui se côtoient (nouveaux foyers arrivés récemment).

La pression immobilière est également une source d’inquiétude : des rurbains à la recherche de résidences secondaires sont en effet prêt à débourser de grosses sommes, là où de jeunes couples intégrés à la communauté ne peuvent pas suivre….Et la commune elle non plus n’a pas toujours les moyens de lutter.

Mais l’envie est toujours là, des nouvelles maisons (en paille) se construisent aussi et les projets d’avenir sont toujours nombreux – à condition de se souvenir que « toute bonne idée a besoin de personnes pour s’incarner » (dixit Yves Michel).

Quant à nous Alter-journalistes, nous abondons là notre petit récit pour profiter de la soirée qui nous attend : repas au Lézard Vert puis Sound System sur « La colline », au centre du village…..