Cyclo-tours à thèmes

MathieuVélo

Vous êtes lassés de pédaler seul ou en famille ? Pour vous, les randonnées à vélo sont l’occasion de découvrir d’autres villages mais aussi d’autres visages. Vous pouvez dans ce cas être intéressés par les vélo-tours militants à thèmes.

Je ne parlerai que des vélo-tours à thèmes auxquels j’ai participé partiellement : la partie belge du 9 au 13 juillet 2011 de la deuxième édition du jungletour qui avait lieu du 2 au 13 juillet 2011 et la traversée de la Crau et de la Camargue du 24 au 28 juillet 2011 de la quatrième édition de l’AlterTour qui avait lieu du 2 juillet 2011 au 11 août 2011. Je n’évoquerai pas l’un de ces vélo-tours historiques qu’est la randonnée belge « Dynamobile » qui en est, en 2011, à sa dix-septième édition.

Points communs

    • Des étapes de 50 km environ théoriquement accessibles à tous les cyclistes réguliers ou du moins quotidiens de 17 à 77 ans.
    • Des repas biologiques de préférence
    • Un impact médiatique plus ou moins important sur les thèmes du tour : entre autres un encart sur l’AlterTour dans le mensuel n°391 « Silence » de Juin 2011 qui comporte également un dossier de 10 pages sur la « vélorution » coordonné par… l’AdAV. Un reportage sur deux pages « Le jungle-tour roule pour les migrants » dans le quotidien « Libération » du 11/07/2011. Un reportage sonore de l’ensemble du jungle-tour sur l’audioblog « écho des jungles » réalisé par Yves.
    • Un hébergement plus ou moins folklorique, assez souvent précaire qui suppose au moins d’emporter un matelas gonflable et un duvet.
    • Une participation aux « frais de  séjour » qui défie toute concurrence par rapport aux organismes à but lucratif proposant des cyclorandonnées telles que « La bicyclette verte » : autour de 85 €/jour pour la bicyclette verte contre 24 €/jour pour la Dynamobile et de 16 € à 37 €/jour pour l’AlterTour. Ces coûts particulièrement bas sont obtenus grâce à une forte implication des bénévoles. C’est, par exemple, une équipe d’une quinzaine de bénévoles accompagnée d’un salarié à mi-temps qui prépare, tout au long de l’année, l’AlterTour. Quand au jungle-tour, on peut se demander si les organisateurs n’assument pas eux-mêmes une partie du financement de la cyclorandonnée.
    • Un fort sentiment de groupe lié à une certaine homogénéité sociale, en particulier pour l’AlterTour : ce que l’on nomme habituellement les CSP supérieures dont une majorité d’enseignants et quelques anciens agriculteur(trice)s qui interpellent l’ensemble du groupe grâce à leur modération et leur bon sens paysan. Un côté un peu colonie de vacances, un peu mao avec une prééminence du groupe de 6h du matin à minuit, voire même deux heures du matin : pas question, dans ce type de randonnée, de s’arrêter seul pour faire des emplettes ou photographier un monument ou un paysage en dehors des rares moments de quartier libre. Et, bien sûr, l’inévitable « Cercle de Parole » gage de démocratie directe. Un taux de satisfaction record qui se traduit par 50% de réinscription pour l’AlterTour avec l’apparition d’une « caste de métabarons » de l’AlterTour.
    • Une forte implication des groupes militants locaux, ce qui en fait toute la richesse.

Jungle-tour

Vous aimez l’imprévu, l’imprévisible du moins pour le parcours à vélo contrastant avec la rigueur et la richesse dans les groupes d’aide aux migrants. Vous avez une prédilection pour les groupes hétéroclites réunissant de vieux militants, des « no-border » mais aussi un pasteur américain et des jeunes souvent en situation de précarité et en quête d’idéal, la plupart des membres ayant participé à des actions de soutien aux migrants à Calais ou ailleurs. Vous aimez la diversité nationale avec des anglais, des belges et des américains. Vous êtes plutôt « sciences-po » avec un intérêt pour les politiques migratoires ou, plutôt antimigratoires nationales. Alors le jungle-tour soutenu par une vingtaine d’associations et des militants d’Amnesty International Belgique devrait vous intéresser.

AlterTour

Vous avez le droit de préférer une organisation plus rôdée au cours de ses 4 années d’existence. Si vous ne souhaitez pas emporter votre vélo, étant donné le parcours d’obstacles du transport du vélo avec la SNCF, l’AlterTour peut vous prêter gratuitement un deux-roues pour effectuer les étapes. Vous aimez les groupes antimilitaristes mais qui ont une organisation quasi-militaire : casque obligatoire, tee-shirt de l’AlterTour qui était initialement vert mais dont la couleur a, depuis évolué et qui, bien-sûr, a été personnalisé par de nombreuses femmes du groupe (féminité oblige), oriflammes conçus par une participante qui évoque une troupe de samouraïs au service des alternatives. Bref, une bande de cinquante petits hommes verts qui ne passe pas inaperçue sur les routes. Si le coup de barre vous guette, vous avez la possibilité de ne pas effectuer une étape ou une partie d’étape grâce à la voiture-balai. Vous souhaitez mettre ou développer vos compétences au service du groupe (chants, cuisine, réveil en douceur, préparation du petit-déjeuner, tâches domestiques diverses, rédaction du compte-rendu du jour), l’AlterTour vous y invite à l’aide d’un planning proposé pour le lendemain à la fin de chaque journée. Et, pour les nordistes, la découverte d’un sud non seulement exotique dans ses paysages mais aussi militant.

Pierre KOKOSZYNSKI

Source : http://droitdvelo.canalblog.com/archives/2011/09/29/22189580.html