Les « alter » investissent le Limousin

MathieuRevue de presse

Simple hasard, le mouvement altermondialiste converge vers le Limousin. L’Altertour de France s’achève cette semaine en Creuse, au moment où s’ouvre l’Altervillage d’Attac en Haute-Vienne.

Une confluence de pur hasard, en l’absence de liens organisationnels entre l’équipe de l’association Altercampagne, qui a bâti ce troisième Altertour et les jeunes d’Attac ayant préparé le troisième Altervillage.

N’empêche que la multiplication des initiatives environnementales et sociales confère à la terre limousine un statut de laboratoire suscitant intérêt et curiosité.

Tour de France en relais solidaire, l’Altertour est soutenu par une trentaine d’organisations et d’institutions (dont Attac et la région Limousin). Il dénonce toutes les formes de dopage.

Celui qui affecte les sportifs, bien sûr, comme celui qui porte atteinte à l’agriculture et à la bio diversité au profit des firmes produisant OGM et agrotoxiques. Ou encore celui de l’économie de marché, « source d’inégalités et de mises sous dépendance ».

Chaque étape donne lieu à des animations, festivités, rencontres et échanges sur des sites significatifs des avancées dans les manières de vivre, de produire, de consommer, plus respectueuses de l’environnement et de l’homme.

Accueilli lundi et mardi sur le plateau de Millevaches par l’association de Fil en Réseaux, l’Altertour permettra notamment de s’intéresser à la ferme expérimentale à vocation environnementale de Lachaud.

Ce sera aussi l’occasion de dialoguer avec l’équipe d’Ambiance Bois, à Faux-la-Montagne ou encore les artisans de Télé Millevaches, la fameuse télébrouette. Est prévu en outre un concert avec le “pianiste nomade” et pacifiste Marc Vella, au tout aussi célèbre monument aux Morts.

Les altercyclistes boucleront leur périple vendredi et samedi à Jarnages, à la ferme de Drouillas.

Au programme, un altercamp consacré aux services publics, enjeu cher aux Creusois, et une conférence-débat animée par le politologue Paul Ariès, un des parrains de l’opération.

« Ce sont plutôt des jeunes d’Attac qui ont lancé l’idée, il y a deux ans », indique Jacky Chabrol, le militant clermontois qui s’est impliqué dans l’organisation des deux premiers Altervillages.

Près de Toulouse en 2008, puis à Rennes l’an passé, dans des squats urbains d’artistes, les deux rendez-vous mettaient en perspective des méthodes d’intervention et d’action plus dynamiques que les manifestations traditionnelles.

« Cette année, la direction d’Attac a pris favorablement en compte l’initiative, explique Jacky Chabrol. Elle devrait permettre de muscler l’université d’été, prévue dans la foulée à Arles, et d’interpeller l’organisation en l’invitant à développer des pratiques innovantes plus ludiques, gagnant en efficacité ».

Le choix d’un éco-hameau, en l’occurrence celui de Busseix, près de Ladignac-le-Long, relève de la volonté de profiter de l’Altervillage « pour mettre très concrètement en œuvre les principes de vie que nous défendons ».

Ainsi, vendredi et samedi, les militants devront installer leur village et caler l’organisation collective autogérée pour « vivre différemment » : cuisine, toilettes sèches, douches, buvette, sécurité et infirmerie, etc.

À la réflexion et à la familiarisation avec des techniques non violentes simples (théâtre de rue, clowns…) s’ajouteront des soirées festives. « Il n’y aura pas que des militants d’Attac. Tout est ouvert à tout le monde, ajoute Jacky Chabrol. Il suffit de prendre sa part de tâches. »

Yves Bourgnon, La Montagne