Étape du 14 juillet : Méral – Laval – Montflours

MathieuAgriculture, Édition 2016, Pays de la Loire

De la départementale de Méral aux chemins poussiéreux, chaque passage est un enseignement. Les oiseaux ont désertés les routes bruyantes pour trouver refuge dans les anciennes voies ferrées de Mayenne que nous parcourons à vélo. Là où l’humain a ralenti, la vie est permise.
Un moucheron entre dans mon œil. Encore trop rapide le vélo ? Ou si j’étais plus petit, j’aurais pu passer à côté sans le tuer. Ralentir serait-il le seul moyen de faire attention aux plus petits que soi ? Mon gros corps est pataud. (Le principe d’incertitude d’Eisenberg s’appliquerait-il également entre deux êtres, à des masses et vitesses relatives sans limite d’échelle ?)
Arrivée à Laval, les pensées s’évaporent au profit de la vigilance. Hostilité de la dureté de l’asphalte imaginé sur mes genoux, hostilité du métal lourd et rapide des voitures. Ici, encore, la taille, la masse, la vitesse augmentent dans un système compétitif. Ce jour-ci à Laval, c’est le record du monde de la nappe la plus longue. Un simple morceau de tissu déroulé au sol comme un tapis. Ses carrés rouges et blancs courent sur les trottoirs puis sur les berges de la Mayenne.
Cette nappe est une belle excuse pour que chacun et chacune partage un espace, être physiquement et symboliquement reliés. Les familles sortent le grand jeu ou simplement viennent.
L’organisation annonce de nombreuses animations pour un évènement soi-disant éco-responsable. C’est à la mode, ça devient presque obligatoire comme mot clé à placer pour obtenir des subventions. D’ailleurs les banques finançant l’évènement ne se sont pas privées de dénaturer le paysage avec des publicités ostentatoires placées sur un monument historique (après mon passage la publicité s’est malencontreusement trouvée repliée sur elle-même). Plus loin, Lactalis – géant du lait – animait des « ateliers » pour enfants brandissant le « besoin » de consommer 3 produits laitiers par jour. Nous avons crié dignement « endoctrinement des enfants » et « propagande » lors de notre passage.
La densité de personnes sur les berges a permis de faire une communication importante sur l’AlterTour cette journée-ci, dans la joie et la bonne humeur.

Lionel