Journée du 19 août à Valence : Jardin’Envie, Le Mat Drôme, La Criirad, La Ruche Truk Muche

canardAuvergne-Rhône-Alpes, Agriculture, Édition 2017, Environnement

Les Altercyclistes au bord de la surchauffe… terminent leur tour avec une belle énergie !
A 7:00 sous un soleil prometteur le campement s’éveille sur « Alter Tour mon amour », une version drôle et sentimentale d’un titre du groupe Téléphone écrite et chantée par les deux préposés au réveil. Après le petit-déjeuner, en selle pour Jardin’Envie, une coopérative d’artisans semenciers qui nous présente son action pour la promotion des semences paysannes.
Jardin’Envie « Pour un retour vers le Progrès »

Eric Marchand, co-gérant de la Scop Jardin’Envie, nous éclaire sur l’intérêt des semences paysannes, qui contrairement aux semences hybrides, même utilisées en agriculture biologique, permettent de favoriser la co-évolution plante-humain-terroir. Les légumes tirés de ces semences paysannes ne sont pas promus actuellement car ils jouissent d’une mauvaise image sur leur aspect ou leur rendement. Jardin’Envie veut renverser cette image en démontrant leur goût, leur robustesse et leur intérêt écologique et alimentaire. Depuis 50 ans plus de 75 % des variétés traditionnelles ont disparu de la circulation.
Il s’agit de renverser la logique dominante qui suppose qu’on adapte les territoires et les outils aux semences. Jardin’Envie produit des semences mais aussi des légumes, qui ont l’intérêt de pouvoir tester les variétés en plein champ et de faire des recherches sur les meilleurs modes de culture, mais aussi de vendre ces produits pour les promouvoir auprès des professionnels et du grand public.

En 2017 c’est la 4ème année de culture sur ce terrain, auparavant dédié au maïs de culture conventionnelle, et la première où ils ont pu produire des légumes, car « on avait hérité d’un sol mort ». Notre hôte nous rappelle également la mobilisation citoyenne qui a permis d’arracher ces moins de deux hectares à la pression foncière et de conserver cette terre agricole en zone périurbaine, en convaincant la mairie de Bourg-lès-Valence de geler un projet de zone d’activités commerciales… et en récoltant quelques inimitiés du côté des bénéficiaires de la spéculation foncière. Mais l’équipe est tenace, et fait le choix de désobéir et questionner la législation sur les semences qui bride la vente des semences non homologuées aux professionnels. C’est tout le système de l’alimentation qui est à revoir, et au-delà, celui de la citoyenneté, de la souveraineté alimentaire, de l’attribution des terres, etc.

L’association Jardin’Envie, devenue Scop en 2016, travaille avec de nombreux réseaux : distributeurs locaux et artisans (boulangers, restaurateurs…) impliqués dans l’éducation autour de ces produits, un réseau de 240 fermes en France, le réseau Minga, mais aussi des laboratoires, des universitaires… Jardin’Envie participe à l’organisation d’un événement parisien pour promouvoir le métier d’artisan semencier, à noter dans vos calepins : dimanche 24 septembre 2017

Et c’est ainsi que les alter-cyclistes, malgré un soleil brûlant, ont écouté avec jubilation pendant deux heures Eric Marchand, passionné et passionnant semencier, qui lui-même a vécu sa transition professionnelle après avoir quitté le monde de l’informatique…

2017-08-19_0001DSC01031Jardins de Valence, car tous les habitants ont droit à la beauté…
Pas le temps de buller car rendez-vous à Valence dans le quartier de Fontbarlettes où nous sommes reçus par la vice-présidente de l’association le Mat Drôme et des habitants-jardiniers. Dans ce quartier « classé sensible », l’association a créé avec les habitants plusieurs espaces où sont pratiqués le jardinage au naturel voire une micro-agriculture urbaine. Le jardin Michelet où nous nous trouvons est un lieu de vie partagé, mais aussi d’expression personnelle où la sensibilité et la culture de chacun peuvent s’exprimer dans les parcelles de 80 à 100 m² attribuées aux 80 familles bénéficiaires. Des espaces collectifs existent aussi, comme celui qui accueille une ruche pédagogique. Le jardin participe à la rencontre des habitants, à leur bonne santé, à l’apaisement et à l’embellissement du quartier, mais est aussi un support pour des actions pédagogiques et inter-générationnelles autour de la nature, des abeilles, de l’alimentation… 1400 mètres de légumes et de fleurs gagnés sur un ancien parking, la voilà l’alternative !

La Criirad, pour sortir de la désinformation
On file a mollets raccourcis vers d’autres citoyens engagés, les membres de la CRIIRAD, soit la commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité, une association créée en 1986 suite à l’accident de Tchernobyl par des citoyens de la Drôme et de l’Ardèche révoltés par la désinformation officielle autour du nucléaire. La Criirad regroupe 3 salariés et de nombreux bénévoles, et comprend un laboratoire agréé par l’Agence Nationale de Sûreté. Son action consiste à mesurer la radioactivité liée aux activités nucléaires mais aussi naturelle, comme celle du radon, grâce à un réseau de balises installées en Rhônes-Alpes, et à mener des campagnes d’information et d’éducation, comme dernièrement après Fukushima, « pour que le défaut d’information ne se reproduise plus ». Si elle n’a pas de position officielle pour ou contre l’énergie nucléaire, elle se place du côté de l’information des citoyens et revendique son indépendance. Sa production est reconnue pour son sérieux, comme l’atlas de la contamination en France et en Europe (édité en 1996), dont les chiffres ne sont pas contestés. Pour savoir où se trouvent des balises près de chez vous : http://balises.criirad.org/

Fête de Clôture de l’Alter Tour 2017, on-n’est-pas-fatigués !
Pour enfin détendre nos cerveaux congestionnés et nos corps asséchés par cette longue journée, nous filons bzz à vive allure vers la Ruche Truk’Muche, soit comme le dit leur site internet, « une association de bzzbzzteurs : artisans, musiciens, colporteurs ou déambulateurs d’un nouvel art de vivre… » Un lieu collectif animé par des manifestations conviviales et culturelles (soirées concerts, théâtre, soirée à thème, repas partagés), des ateliers, et la production du miel … Ils nous ont préparé une fête énorme, avec Batucada, concerts, bar ouvert et buffets où l’on retrouve les excellents légumes de Jardin’Envie… Quand la boucle est bouclée, la fête de clôture du tour peut commencer, et les Altercyclistes s’en sont donnés à cœur joie. Encore un peu de boulot, avec la représentation d’une dernière conférence gesticulée, bilan de l’alter tour 2017 : on chante les « ptits mollets », avant le bal, où les alter-cyclistes improvisent une chorégraphie collective consistant à… mimer des cyclistes… Quand on aime…

Et vous savez quoi ? On trouve des photos de la fête sur leur site internet : ici.

Dimanche 20 août
Dernier jour de tour, pas le temps pour une sieste ?

Le dernier jour de tour, au lieu de se reposer comme un dimanche, les alter-cyclistes s’activent pour tout répertorier, nettoyer et ranger, au son des chants collectifs et de l’accordéon. Il reste de l’énergie pour lancer de belles blagues et quelques potins, vider les toilettes sèches, philosopher sur un autre monde et lutter contre l’angoisse de l’alter-retour… On embrasse les copains, on s’échange nos coordonnées, on se donne rendez-vous pour les prochaines réunions… On adapte la Madrague à la situation :… « Pourtant je sais bien l’année prochaine, tout recommencera nous reviendrons, mais en attendant je suis en peine, de quitter la route et mon guidon… »…

Céline de Rennes