Les réfugiés climatiques ne sont pas encore reconnus !

MathieuHauts-de-France, Édition 2015, Lutte

Terre d'errance AlterTour 2015Pour savoir où tu vas, il faut savoir d’où tu viens. Et les migrants savent aussi très bien pourquoi ils fuient. Ceux rêvant d’Angleterre investissent logiquement le littoral de la Manche. D’expulsion en expulsion, certains échouent à Norrent-Fontes, à 20 km de Béthune. L’association Terre d’errance sensibilise élus et jeunes à cette question depuis 2008. Mais pas que ça : début 2012, après la destruction par la police du camp d’infortune dépourvu d’électricité, l’ancien maire, élu en ayant affiché sa volonté d’aider les migrants, soutient son remontage. Mais en 2014, avec le nouveau maire, la situation se durcie : il supprime par exemple les rotations de citernes qui ne fournissaient déjà pas les 20 litres d’eau potable par personne et par jour. Les bénévoles de Terre d’errance sont alors sur le terrain. Ils se mobilisent pour fournir le minimum : eau, nourriture, vêtements. Des relations humaines se nouent. Terre d’errance est membre de la Plateforme de Service aux Migrants.

Elle regroupe des associations du Pas de Calais, Cherbourg et Paris et travaille avec le Réseau des Elus hospitaliers, eux…

« Les réfugiés climatiques ne sont pas encore reconnus »

« Les migrants de Norrent-Fontes arrivent d’Erythrée, du Soudan et d’Ethiopie. Ils fuient la dictature. Ils appartiennent plutôt aux classes moyennes. Les pauvres ne peuvent financer leur migration et les riches sont localement « protégés ». Nous n’avons pas les moyens de mesurer s’ils sont réfugiés climatiques, par manque d’eau dû aux épisodes croissants de sécheresse dans ces régions par exemple. Mais même si c’était la raison de leur départ, ils ne l’évoqueraient pas parce que ce n’est pas encore reconnu pour obtenir un statut de réfugié. On recueille leur histoire et on travaille sur les questions politiques et juridiques. On ne peut pas nier que leur présence pose problème. Mais c’est aussi très riche. C’est fou tout ce que les locaux s’interdisent en termes de relations avec ces gens car malgré leurs conditions de vie effroyables, ils sont incroyablement souriants et généreux. Une utopie se construit au jour le jour. »

Laurence ROUSSEL, bénévole et Nan SUEL, co-présidente

Extrait du Recueil des Alternatives de l’AlterTour 2015, disponible dans le numéro de juin de la Revue Silence

Terre d’Errance accueillera l’AlterTour le 20 août 2015 à Norrent-Fontes. Lien vers l’étape du 20 août 2015