A Lille, la voie est libre pour les Stop-pub

MathieuAlimentation, Hauts-de-France, Édition 2015

12h30 on entre à Lille, après notre dernière nuit dans le regretté plat pays. Heureusement, parmi nous, il reste des Belges et le pays est toujours plat, le long de la Deûle. Dans la matinée, on a fait un stop chez Salah, l’octogénéraire patron d’un café de Roubaix, coincé entre des bretelles d’autoroutes, enfin ce qui y ressemble. Il refuse d’être exproprié « parce que j’ai fait toute ma vie ici », comme sa perco et ses tasses marron vintage.

Arrivé à Lille, la moitié du peloton, nostalgique de la Belgique, s’arrête à la première baraque à frites tester la sauce Picalilli, tandis que les autres trouvent un endroit pour pique-niquer, près du zoo. C’est là qu’Aless (andro), « Pap’40 »  du collectif anti-pub des Déboulonneurs nous rejoint après le déjeuner avec un collègue représentant de la RAP (Résistance à l’agression publicitaire). Après une présentation de leur engagement, on passe à l’acte. Entrée sur la Grand place en vélorution, création de banderoles, maniement de la bombe (aérosol) et du micro et nous voilà partis à pied avec cadis et pochoirs pour enrubanner et barbouiller les panneaux publicitaires. Non sans un brief spécial pour les « barbouilleurs » (qui se mettent vraiment en infraction) sur comment ne rien dire en cas de commissariat. Précautionneux mais superflu, car après deux heures de manifestation tonitruante, pas l’ombre d’un policier. Une tolérance Lilloise. C’est presque à regret pour Aless et les Déboulonneurs qui agissent ainsi pour se faire entendre. Pour l’AlterTour, ce n’est pas plus mal, comme ça tout le monde est opé pour ses tâches du soir et le tour continue.

2015-08-17_18.40.29_6527Pourquoi barbouiller des panneaux publicitaires ?

La publicité envahit notre quotidien, par tous les moyens de communication possibles. Si on a encore la possibilité d’éteindre la télé chez soi (ou de la jetter) et d’installer Adblock sur Internet, en revanche il est impossible de fermer les yeux en ville ou sur la route. L’espace public est obstrué par les pubs commerciales, dont un tiers sont illégales. « Ce sont eux les vrais délinquants, pas nous », explique Alessandro, des Déboulonneurs , qui revendique que les pubs commerciales soient limitées à la taille 50×70, le format standard des affiches politiques. Pour protester et dénoncer, ce collectif agit en plein jour contre les panneaux. « On s’en prend aux supports, peu importe le contenu ». Distribution de tracts, enrubannage des panneaux avec une bâche noire sur laquelle on peint des slogans, collage d’affiches, ou – plus risqué – barbouillage, qui peut mener au procès.

Quelques slogans :

Casse toi pôv’ pub, Pub = Intox, La pub, parce que nous l’avalons bien.

Karine

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