Ah qu’il est bio le débit de lait !

AlterTourAuvergne-Rhône-Alpes, Agriculture, AlterTour, Edition 2020

Un long cheminement

Philippe Allagnat vit le jour dans l’exploitation familiale, il y a maintenant 60 printemps !

Après des études en agronomie et être « allé rouler sa bosse ailleurs », retour au village en 1988, pour reprendre cette ferme laitière en GAEC, avec sa mère.

Au départ d’un autre associé en 2002, sa décision de « remettre les vaches au pré » et de se lancer dans la transformation va faire son chemin : se concrétisant par une certification Bio obtenue en 2010.

Conversion au bio, avec ses défis continuels passionnants à relever et ses contraintes administratives coûteuses certes, 800 euros /an, mais garantie de qualité qui le pousse aussi à marquer clairement son territoire pour éviter les intrants malencontreux et menaçants des agriculteurs conventionnels voisins, avec qui il est en bon terme grâce aux solidarités entretenues.

Aujourd’hui Gérard et Laurence sont ses associés, l’un à la production et l’autre à la transformation au sein de la fromagerie.

Et la ferme emploie l’équivalent d’un temps plein, assuré par des jeunes venant ponctuellement pour assurer un marché à Morestel, par exemple.

Garder la maîtrise…

A côté du message de bienvenue à l’entrée, une pancarte rappelle le rôle essentiel de ce précieux allié qu’est Biolait : une structure nationale maîtrisée par les paysans qui représentent 800 de ses 1000 adhérents.

La stratégie gagnante élaborée fut la sortie des réseaux de coopératives gérées par des conseils d’administrations sous la coupe de Danone et Lactalis, pour pouvoir maintenir les quotas afin de garantir le prix au producteur.

Elle a progressivement maillé le territoire en contractualisant d’une année sur l’autre la vente et la transformation de 30 millions de litres en 2011 ; plus de 250 millions de litres aujourd’hui soit un tiers du lait Bio produit en France !

Pourtant ses citernes avaient un temps cessé de sillonner les campagnes du Nord-Isère.

En 2011, la tournée Biolait a été recréée facilitant de plus en plus de conversions heureuses et pour certaines inespérées, autour de l’Abreuvoir.

et rayonner !

Une autre pancarte signale que vous êtes dans une des fermes relais de l’association de producteurs locaux créée il y a 12 ans et proposant un panel varié de produits : mes voisins de paniers ! Réseau fermier où chaque producteur est responsable de la qualité des commandes qu’il livre chaque semaine dans un autre des 15 points de vente.

L’union fit la force pendant les récents mois de confinement pour répondre à la demande de clients 3 fois plus nombreux, hyper locaux, découvrant ces lieux de sécurité alimentaire et nutritionnelle par temps de pandémie. Même si les habitudes les ont en grande partie rattrapé depuis…

L’Abreuvoir livre aussi ses produits laitiers à une AMAP et à la Biocoop de Bourgoin-Jallieu ainsi qu’aux cantines des établissements scolaires du secteur par le biais de l’association Mangez bio isère.

Préparer l’avenir et la transmission : «  on recherche en permanence ! »

Difficile équation à résoudre pour ces paysans pris entre deux mondes : celui des agriculteurs conventionnels qu’il faut convaincre d’accélérer les changements de pratiques, sans les mépriser ni provoquer de conflits ou de réactions contre productives !

Et des clients qui trouvent que ça ne va pas assez vite : encore trop de plastique etc…

Comment ?

En ouvrant la ferme sur l’extérieur pour accueillir : des jeunes pour les former, y compris ses propres enfants en réflexion et recherche sous d’autres horizons voire d’autres latitudes ; des clients pour expliquer la démarche ; des visiteurs pour assister à des représentations culturelles diverses, chaque année.

Ou un événement tel que l’Alter Tour qui permet de sortir du train-train, de se poser des questions de fond, de prendre du recul, de questionner ses choix !

Vous l’aurez compris ! Philippe a la niaque !

Et il vient tout juste de rendre «  son écharpe de maire  » après deux mandats très investis pour son village afin de pouvoir mieux se consacrer à la complexe question de la transmission de cette ferme.

Alors qui sait, si l’un.e d’entre vous ne reviendra pas pour une pause rafraîchissante plus longue à l’Abreuvoir ?