L’Altertour à l’Oasis de Lentiourel

JonasEdition 2022, Habitat, Occitanie

Rouge. C’est la couleur qui dénote quand on arrive à l’Oasis de Lentiourel depuis les routes vallonnées des Causses surchauffées par le soleil plombant.
Vert également, ce qui étonne au vu de la sécheresse qui sévit sur ce mois d’août. Nous sommes accueillies par Jacques, un sexagénaire à la longue chevelure qui a monté le lieu en 2011. A l’époque, c’est le 13ème « Oasis en tout lieu » ouvert en France. Aujourd’hui, après que ce mouvement d’écolieux soit repris par Les Colibris, on compte plus de 1200 Oasis. Le projet initial consiste à créer un lien harmonieux avec l’écosystème d’un territoire tout en développant la singularité des participants.

Une partie des magnifiques bâtiments de l’Oasis.

Côté nature, l’Oasis est un beau domaine vallonné de 35 hectares de terres rouges, de champs herbacés et de nombreux arbres, traversé par une rivière et dominé par un grand bâtiment entourant une cours centrale. L’eau est ici une ressource précieuse, le pompage de l’eau de la rivière, trop en contre-bas, nécessitant trop d’énergie pour être envisagé. Plusieurs actions ont été entreprises pour tenter de garder toute l’eau qui se trouve ou tombe sur le domaine. Une citerne de 70 mètres cubes avait été installé par les anciens propriétaires. Des canaux d’irrigation permette de contrôler et diriger l’écoulement de l’eau. Une source a été creusée en remontant une veine de jonc qui témoigne de la présence d’une terre humide. Une mare temporaire de 500m2 a été construite en contre-bas de la maison pour recueillir l’eau de pluie et de source. Cette gestion a permis le développement d’une végétation importante et d’une activité naissante de maraîchage (encore loin de permettre l’autonomie alimentaire), le tout en adoptant des techniques de permaculture. Malgré tout, l’Oasis rencontre des problèmes de sécheresse qui remettent en question les dispositifs mis en place jusqu’ici et imposeront des actions plus importantes. Nous l’avons senti dès notre arrivée, les douches devant être substituées par une baignade dans la rivière fraîche coulant à quelques centaines de mètres en contre-bas de l’espace camping.

Jacques guide le groupe sur le terrain.

Côté collectif, le projet a été lancé en 2011 par 30 personnes, principalement du Var, qui voulaient lancer un Oasis en tout lieu. Ils ont réunit plusieurs centaines de milliers d’euros (aujourd’hui le lieu est valorisé à 710 000€) à travers un prêt solidaire. Mais au fil des années, le collectif a subit une perte importante d’effectifs et moins d’une dizaine de membres habitent de manière permanente sur le lieu. Nous n’avons pas vraiment réussi à saisir les raisons de ce désinvestissement dont on aurait aimé entendre un retour réflexif et critique. Ce qui est sûr, c’est que cela provoque des problèmes de financement important, les prêts solidaires devant être remboursés. Les actuels occupants de lieux cherchent à relancer une dynamique collective pour redonner vie à cet Oasis. Lorsque Jacques nous a présenté le lieu, il a lancé un appel aux Altertourien.ne.s qui souhaitaient rejoindre l’aventure.

La construction d’un Zome.

Car au delà de l’énergie humaine qu’il apporte avec lui et sur laquelle Jacques a insisté, tout nouvel entrant doit pouvoir abonder le projet avec un prêt solidaire, permettant de rembourser les prêts précédents. Les autres sources de revenus proviennent des activités d’accueil, de formation (par exemple des stages de polyrythmie ou de construction de structures appelés « Zome » animés par Jacques), ou de vente de glaces, permettant de générer 30 000€ de bénéfices par ans. En parlant d’accueil, Jacques nous a gratifié d’un très bon concert folk avec un autre musicien pour clôturer la visite par une belle soirée festive qui s’est terminée par des danses folles et des chants harmonieux.

Le musicien présent sur scène avec notre accueillant Jacques

Nous sommes repartis le lendemain pour une des plus dures journées du circuit, avec 41km et surtout 1100m de dénivelé dont une côte de l’enfer que, malgré la chaleur, nous avons vaincu pour arriver à Arvieu.
Mais cela est une autre histoire.