A L’ÉCOLE BUISSONNIÈRE DE L’ALTERTOUR

MathieuRevue de presse

200 km à vélo pour cinquante élèves de la Maison familiale rurale de Morre pour apprendre d’autres façons de voir le monde.

Les derniers sont arrivés trempés à la fin du premier jour d’aventure. 36 km à vélo, lundi, entre Morre et St-Vit et une visite à la ferme de Fraîche-Comté à Roset-Fluans, l’occasion aussi, de repousser encore un peu l’heure de planter les tentes. Et la pluie les a encore bien douchés hier pour la deuxième étape.

Ils sont élèves de seconde Sepat (Services à la personne et aux territoires) et commerce. Ils n’ont pas forcément l’habitude de faire du vélo, mais se réjouissent de « ne pas être en cours et d’être entre potes ». Damien cumule déjà deux crevaisons et ne se plaint pas.

Tous prévoient les courbatures et râlent un peu contre les montées et le vent. Mais l’ado est comme, ça toujours à traîner un peu les pattes, c’est après seulement qu’il est content.

la ferme de Fraîche-Comté, tour du jardin bio avec Yves Bourdet, après 36 km à vélo. . Photo Arnaud CASTAGNÉ

À Roset-Fluans, Yves Boutet leur a ouvert les portes de son jardin. Intarissable défenseur de la cause bio, il a longtemps milité en entreprises avant, dit-il de militer pour l’essentiel : la vie. La ferme de Fraîche-Comté, un clin d’œil à la météo lyonnaise qu’il a quitté pour s’installer dans la région, fait aussi accueil paysan en table et chambre d’hôtes, mais elle a avant tout un rôle pédagogique, celui de prouver qu’on peut « utiliser la force de la nature pour gérer une production alimentaire sans dégâts pour l’environnement ». Depuis dix ans qu’elle existe sa ferme n’a jamais utilisé un pesticide.

Yves Boutet a embarqué les jeunes dans ce jardin tout encombré d’herbes folles, qui « retiennent les insectes indispensables à l’écosystème ».

Le chemin d’écorce serpente entre des serres maison, là des plants de tomates de Crimée, des salades, des concombres, attendent le soleil pour s’installer en pleine terre. Alors jamais malades les légumes ? « Contre le mildiou des tomates et des pommes de terre il suffit de faire macérer des feuilles de bardane dans de l’eau », préconise le jardinier qui a bien d’autres ordonnances dans sa musette.

Délicieuse Madame Moutot

Ici Yves Boutet expérimente la permaculture, « je ne travaille presque pas le sol ou alors sur 7 ou 8 cm, avec une grelinette ». Il montre sa grosse fourche écologique à quatre dents. « Ici il n’y a pas d’outils à moteur. » Mais des canards gèrent l’espace, ils sont le cauchemar des limaces. Des poules sont attendues au pied du jardin urbain, un ensemble de bac en bois installé en hauteur pour accéder, sans se plier en deux, aux oignons et aux Madame Moutot, ces fraisiers qui promettent des fruits de belle corpulence et de saveur authentique. Les adolescents écoutent en grelottant un peu. Mais promis pour cette fin de semaine, le soleil est compris dans le prix.

Catherine CHAILLET

Source : l’Est Républicain