A Malakoff, en région parisienne, les adhérents de l’association AlterCampagne ont durant deux jours posé les bases de l’Altertour 2025, en mettant le cap sur… le Sud-Ouest !
C’est à Casaco, tiers-lieu et coworking à Malakoff, en région parisienne, que quelques soixante-dix adhérent.e.s d’AlterCampagne ont jeté l’ancre samedi 28 et dimanche 29 septembre, pour la première des 7 escales de l’association qui jalonnent le calendrier d’ici à l’édition 2025.
Pour ces deux journées préparatoires, l’association avait deux défis : commencer à préparer le prochain AlterTour (en commençant par le choix d’une zone géographique), et embarquer le plus grand nombre d’adhérent’es (nouvelleaux y compris’es) dans ce vaste processus de gouvernance collégiale.
Faire vite, faire ensemble, et être efficace : tel est le triangle des Bermudes dans lequel doit se faufiler le navire AlterCampagne.
La première matinée a donc commencé par l’explication des gestes incontournables à la délibération collective, à décrire et distribuer les rôles nécessaires à la tenue de la plénière (gardien.nes du temps, gardien.nes du sujet, oreilles attentives, observateurices, preneureuse de note, référent.e.s gestion de la nourriture, scribe, distributeurice de parole, référent.e.s accueil…).
Afin de naviguer sans encombre avec un équipage d’environ 70 personnes, Marine, en animant ce moment d’inclusion et de cadrage, a présenté les 7 briques définies par Fertîles (école de coopération / d’intelligence collective) pour faciliter ce moment de prise de décision à plusieurs sans échouer sur les écueils possibles : co-responsabilité, parler en son je, être pour et pas contre (ou alors avoir une véritable objection), parler avec intention (se centrer avant de parler pour lutter contre le risque de prise de parole intempestive), faire confiance, l’écoute active et bienveillante, et rendre accessible ses propos.
Vents contraires
Mais en appelant à ce que chacun, à tour de rôle, valide ces règles, n’a cependant pas suscité de consensus (approbation unanime) : quelques voix se sont inquiétées d’une injonction potentiellement trop stricte sur la forme, là une invitation plus souple leur semblait plus rassurante.
En prenant acte de l’absence de consensus autour de ces règles, Marine a simplement laissé les règles proposées affichées au mur, leur donnant valeur de rappel général utile à la bonne tenue des délibérations. De quoi chercher à louvoyer entre souveraineté individuelle et efficacité collective.
Après une présentation des instances de l’association AlterCampagne, mais aussi des différents cercles thématiques – structurels – et les groupes de travail, plus ponctuels) – à lire dans le compte-rendu de la plénière, les représentants des différents cercles ont détaillé leurs activités et cherché à recruter des renforts, de la trésorerie aux outils numériques en passant par les véhicules / la logistique.
C’est en plénière unitaire que s’est déroulé ce moment de présentation détaillée de l’association en forme de main tendue aux nouvelleaux.
La suite du programme s’est déroulée avec deux groupes, l’un regardant dans le rétroviseur pour préparer le bilan de l’édition 2024 (de quoi nourrir des retours précis qui seront présentés de façon claire dans le bilan moral pour l’assemblée générale ; mais pour avoir les premiers éléments bruts, c’est dans le compte-rendu !), l’autre se projetant déjà dans la préparation de l’édition 2025.
Comment délibérer à plusieurs dizaines de personnes ?
Car le moment le plus attendu pouvait alors s’ouvrir, avec le début de la délibération sur la zone géographique du prochain AlterTour.
C’est sous la forme d’un débat mouvant sur une carte de France imaginaire qu’un large attroupement a indubitablement émergé sur le quart sud-ouest de l’Hexagone. L’exercice, renouvelé en zoomant sur le seul Sud-Ouest, a fait émerger des sous-groupes autour de préférences plus précises. Ce sont alors trois sous-groupes qui ont établi séparément une première liste de 8 départements.
Chaque groupe a justifié son choix (entre le dénivelé, la richesse des alternatives espérées sur place, le fait d’être déjà passé ou non, etc.). Un nouveau débat mouvant a ensuite permis de procéder à un jugement majoritaire : individuellement, chacun a pu se positionner sur une échelle allant d’« excellent » à « à éviter ».
Le décompte ainsi pondéré des positionnements a ainsi fait émerger l’une des 3 propositions (très légèrement, car toutes remportaient un soutien large). Les participants ont ensuite négocié le rajout d’un département, en cherchant à satisfaire les points de convergence des 2 autres propositions. C’est ainsi qu’une liste de 9 départements, allant de la Creuse aux Pyrénées-Atlantiques, a émergé.
De quoi mettre les altercyclistes 2025 en bonne voie pour aller soutenir, dans le Tarn, la lutte contre le projet d’autoroute A69, mais aussi pour mettre leurs roues dans celle des luttes paysannes du plateau des Mille vaches, tout en allant (pour la première fois de l’histoire de l’AlterTour) dans le Pays basque…
Tous sur le pont ! C’est le lendemain, dimanche, en plénière réunifiée, qu’a été présenté cette proposition.
Après un tour de questions de clarifications, les participants se sont positionnés en débat mouvant sur un axe allant d’« excellent » à « à rejeter ». Mis à part un léger bémol sur le risque de chaleur durant l’été dans le Sud-Ouest, l’approbation générale de la proposition a permis d’avancer vers le recueil des propositions de bonifications. Les participants ont notamment recommandé de mettre un coup de barre vers la côte, pour intégrer l’enjeu littoral (effets du tourisme, érosion littorale, etc), quitte à ajouter les Landes, malgré le terrain plat et les paysages répétitifs que beaucoup redoutaient. Le nord de l’Ariège, riche en alternatives, a également été ajouté, de même que le sud-est de la Haute-Vienne.
Certains ont pu regretter que le périmètre retenu ne permettait pas de visibiliser la lutte contre les grandes bassines, dans les Deux-Sèvres, trop au Nord par rapport aux départements retenus, qui sont donc 9 (+ 3 bords de département) :
- Pyrénées-Atlantiques (sans exclure de déborder en Espagne)
- Landes (le sud)
- Hautes-Pyrénées
- Haute-Garonne
- Ariège (le nord-ouest)
- Tarn
- Tarn-et-Garonne
- Lot
- Dordogne
- Corrèze
- Creuse
- Haute-Vienne (le sud-est)
Et maintenant ?
Une vingtaine de participants se sont inscrits pour participer au défrichage, en inscrivant son ou ses département.s de préférence. Ils écumeront l’océan des écolieux, alternatives diverses, collectifs en lutte et autres fermes collectives, entre recherches sur le web et contacts personnels, avec au gouvernail un quatuor de coordos pour concerter leurs efforts et tenir la cadence.
Là encore, une présentation du document de travail du défrichage (un tableur avec plein de colonnes, de couleurs, de filtres et d’astuces issues de l’expertise des années passées) a permis à chacun.e de se projeter dans ce rôle. Ce n’est qu’ensuite qu’un tracé pourra être retenu, avec une direction et des lieux d’accueil.
Mais d’ici là, il s’agit d’embarquer toutes ces énergies, des cercles aux groupes de travail en passant par les défricheurs et préparateurices des prochaines étapes, autour des outils qui permettent de concerter tout ce beau monde : une formation aux outils numériques a été animée pour former à l’utilisation de Rocket Chat pour la discussion thématique de type forum (ou comme Slack / Discord), de Nextcloud pour le partage de fichiers, à l’AlterDocumentation pour retrouver toutes les infos utiles, etc.
Ainsi armés, les altercyclistes peuvent hisser la grand-voile vers les prochaines étapes de la préparation de l’AlterTour 2025, qui sont :
- L’assemblée générale, le 1er, le 2 et le 3 novembre, à Lyon
- La plénière de décembre, le 14 et 15 décembre, à Paris
- La plénière du 8 et 9 février (lieu à déterminer)
- La plénière du 22 et 23 mars
- Le WERVA (week-end de réparation des véhicules de l’AlterTour, soit le 1er, 2, 3 et 4 mai, ou le 8, 9, 10 et 11 mai)
- La plénière du 14 et 15 juin
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alterjournaliste : Antony