“On fera pas un monde différent avec des gens indifférents” Arundhati Royal, militante indienne.

Marine RÉdition 2025, AlterTour, Habitat, Occitanie, Social

La journée du vendredi 1er août fut dense pour moi, Léa. Elle commença par la traversée de la rivière “l’Agoût”, direction Saint Sulpice et sa forêt comestible “Croque ta forêt”; Gilles, Anne-Marie, Brigitte, Evelyn et Philippe nous présentent le lieu conçu autour du concept de guilde, puis organisent divers ateliers : une chasse aux œufs, un atelier arrosage, et nous aident à choper le coup de main (et de rein) pour faucher les pousses de chêne vert sauvages entre châtaigniers, tilleuls, bouleaux.

En parallèle, Bruno a été marqué par un atelier pain, voici le témoignage qu’il a tenu à m’envoyer 

« Boulangère sur parking

Céline a installé le four ambulant communal sur le parking car chez nos accueillant.e.s de l’éco-hameau l’herbe est trop sèche.

« Céline ? et son nom, – Barrier »

« Ha, c’est curieux j’ai connu une Céline Barrier qui était éducatrice pour chiens d’aveugle »

« Ça alors, moi j’en ai rencontré une qui avait présenté une thèse de doctorat de sociologie avec un titre à rallonge qui causait de médiation animal dans l’éducation d’enfants délaissés. »

« La Céline, m’en parlez pas, elle nous a soufflé les 7ha qu’on lorgnait avec les collègues, c’est rageant. »

Quelle personne ! Quel force interne au service des laissés pour compte ou maltraités par notre société. 

Maintenant elle nourrit avec ses superbes pains et va de temps à autres partout ou découvrir que faire du pain peut vous apporter le sentiment d’appartenir”.

Après le repas aux Amarres, l’un des habitants prénommé Gérard,  auto-construite avec sa compagne Marica. 

Nous sommes aux Amarres, l’un des deux habitats participatifs où nous campons.

Dans l’après-midi, les groupes tournent dans le sens des aiguilles d’une montre au World Café préparé par Karine et grâce au concours de beaucoup de porteurs d’initiatives associatives locales. J’y apprendrai que Ô jardin Labastide (Commune de Rabastens) et les Amarres (Commune de Couffouleux) ont été créés suite à une “scission” entre bénévoles du Pré Vert, un tiers-lieu situé non loin. Scission, car ces lieux d’habitat participatif ne reposent pas sur les mêmes principes: le premier est idéal pour des personnes souhaitant acheter leur habitat,  tandis que le second est plutôt destiné à des personnes voulant construire comme Marica et Gérard. D’ailleurs, plus tôt sur la pause du midi, ce dernier invite spontanément quelques un.es dans sa demeure octogonale en terre-paille. Il nous explique en détail les bons tuyaux pour fabriquer son poêle, ou encore obtenir un torchis avec des propriétés aussi parfaites que les romain.es

Plus tard, s’ensuit une présentation du Pré Vert par Florian, ainsi qu’une conférence donnée par Hélène. Cette dernière nous présente une étude sur les tiers-lieux, menée avec un collectif de chercheur.ses qui m’intéressa particulièrement. Je reformule la problématique générale « Comment entrevoir leur contribution sociale, qui est par essence immatérielle, intangible? ». La finalité de l’étude me semble pertinente: proposer un outil simple d’usage aux 2500 tiers-lieux de l’hexagone (et d’ailleurs), afin d’identifier des contributions sociales spécifiques :  par exemple l’enrichissement du lien social si une apicultrice devient « collègue » de travail avec un danseur grâce à un espace de co-working souvent présents dans ce type de lieu.

Pour marquer notre dernier jour d’altertouristes, mes deux potes et moi buvons un coup : Elric immortalise le moment où Coco m’apprend faire cuire des bricks aux épinards dans son foodtruck.

Coufouleux c’est le feu! Dixit Candice et François, les animateur.ices de la scène ouverte. A la chaîne (TV), les représentations s’enchaînent, c’est le bouquet final de ma semaine! J’ai adoré la chorégraphie méga stylée de Camille, l’introspection de suprémaciste vélo-ciraptor de Clement, Marie-Laure alias ML qui fait de nous un orchestre n’ayant rien à envier aux plus préstigueux, mais encore la chorale et sa magnifique chanson “de l’eau de l’eau” des soulèvements de la Terre (elle se transmet tout au long de l’altertour). Il y a aussi Valérie et Juan Fe à l’accordéon et la guitare et enfin, le poème de mon cher Tristan que voici :

Altertour

N’en déplaise à l’hémicycle,

Et à ses lois délétères,

Nous errons sur nos cycles

Pour découvrir la Terre.

A la rencontre de personnes

Qui oeuvrent pour changer les choses

Sans artifice on détonne

Pour remercier celles qui osent

En autogestion, autrement on s’imagine

On nous dit anti-tout à l’Altertour

Non, juste le capitalisme et ses machines

L’amour et l’entraide, on est pour!

On veut une vie, et un futur,

Le vent sur nos visages,

Pas de gaz, pas de voitures,

Mais la voie, le vélo et le voyage.

J’entends comme un conseil

Dans un moment de liesse,

Le monde qui murmure dans mes oreilles

Une phrase ou une promesse:

Vagabonde, et sème,

De bois en brume

Une vie de bohème

Sur le bitume.

Alterjournaliste : Léa