C’est à l’aube sous une douce lumière que les Altercyclistes sont sortis de leur tente ce matin (31 juillet), non sans quelques grognements. Heureusement, l’équipe de petit-déjeuner a pu leur offrir une belle chanson de réveil et surtout une opulence de café. Il faut dire que le groupe se prépare pour une journée corsée : il va falloir franchir la vallée de l’Aveyron et grimper jusqu’à Vaour, avant de redescendre à travers la forêt de Grésigne, et franchir les vallées de la Vère et du Tescou (nous en reparlerons, du Tescou). La montée vers Vaour est longue et bien pentue, ce qui a fait sérieusement transpirer même les plus aguerri.e.s. On souffle, on râle, on s’encourage, on échange les meilleurs choix de rapports de transmission, on pousse un peu le vélo parfois, on zigue-zague, on papote – en soufflant plus fort encore – pour partager les points de vue sur les expériences des derniers jours.Le petit marché de Vaour nous accueille là-haut, et nous nous laissons tenter par tout ce qui est gras, sucré ou juteux, crêpes, fruits, pizzas… ou tout à la fois. Nous sommes également récompensés par de splendides points de vue, et surtout une descente « parfaite », faite de grands lacets à travers la forêt. Sensations de glisse au top! Pour la pause déjeuner, un taboulé tout aussi opulent que le café nous attend, ainsi qu’une chasse au trésor un peu stressante: retrouver la clé de l’Iveco, malicieusement tombée par un trou derrière le volant.La route reprend sous les arbres pour nous mener aux Barrières, où nous accueillent des membres du collectif Testet, en lutte contre le barrage de Sivens, projet situé tout proche sur le lit du Tescou.Axelle et Françoise nous retracent un historique des événements marquants du projet, dont la mort de Rémi Fraisse en 2014 qui a été un drame particulièrement choquant. La situation est complexe, avec une région souffrant de tensions sur la ressource en eau, avec des zones naturelles à protéger, et des besoins élevés en irrigation pour l’agriculture.Le collectif Testet nous présente plus particulièrement et très positivement le projet de territoire (PTGE du Tescou) qui a été initié avec IDEPRINA AGRO PARISTECH à partir de 2016. Ce travail a consisté à mettre autour de la table les principaux représentants des parties en jeu. Il a permis de rétablir le dialogue et de proposer un projet alternatif au barrage de Sivens, tenant davantage compte des contraintes des uns et des autres par des ouvrages de plus faible ampleur, répartis sur le trajet du Tescou, et en réhabilitant certaines retenues existantes. Cette option doit aller de pair avec une orientation agricole plus sobre en eau sur ce territoire, et est jugée réaliste par la plupart des acteurs.Pourtant, aujourd’hui cette proposition n’a pas été retenue et le projet du barrage de Sivens pourrait redémarrer cet automne, ce qui réveille le clivage politique dans la région.La discussion plus libre qui s’ensuit est riche et agrémentée de jus de pommes, de biscuits, et de la possibilité d’un plouf dans une petite retenue d’un autre type: une piscine.Nous reprenons la route pour une dernière étape vallonnée, nous menant vers la plaine du Gaillacois. Changement radical de paysage, l’horizon s’ouvre, et nous posons nos tentes à Rabastens-Couffouleux, aux éco-hameaux des Amarres et de Ô Jardin Labastide, habitats participatifs. Cette longue journée s’achève avec une passation de prépa d’étapes, Julie et Polza laissant leur place à Grégoire et Inès. Beaucoup filent vite sous la douche et dans leur duvet, mais il paraît que certains ont encore trouvé l’énergie de s’ambiancer au concert d’à côté. Et après on nous dit que les Altercyclistes ne sont pas dopés?!




