Nous nous réveillons au son des vas et viens très matinaux des engins de chantier de l’A69. Nous campons ici depuis hier soir au pied de cet étonnant château de Scopont. Transformé aux fil des époques, ses fondations datent du 13eme siècle.

L’A69 ? Oui la fameuse autoroute en construction de 53km longeant la N126 existante entre Castre et Toulouse, et dont l’utilité est très largement contestable et contestée par des années de luttes militantes.
Laurent du collectif « la voie est libre » (pour plus d’info lvel.fr) nous accompagne dans la préparation d’une action symbolique de visibilisation et de soutien, planifiée en fin de journée devant une usine à bitume installée directement sur le chantier de l’A69.
Au programme de ce jour, 2 ateliers de théâtre-forum se déroulent dans un bois situé dans l’enceinte du château. Le thème « comment faire pour changer les injustices auxquelles on se trouve confronté·e en tant que militant·es ».

Parallèlement des ateliers artivistes préparent la manif de l’après midi. On peint des pancartes et on répète les chansons pour la chorale.

Avant de partir Bernard le propriétaire du château nous fait visiter le pavillon néo-gothique et romantique, dont l’escalier en colimaçon possède une visse centrale taillée dans une unique pièce de chène vieillie d’un siècle et demi. Nous n’entrerons pas dans les détails rocambolesque de la vie de ce monument historique victime comme le reste du domaine d’anciens propriétaires sans scrupule, parmi lesquels des élus, qui n’ont pas hésité à abattre pour des raisons pécuniaire de magnifiques chênes centenaires du parc. Sinistre écho du passé, rappelant le chantier écocide actuel, qui avait déjà value dans la presse ce titre de « Fourberie de Scopont ».

Après 17h30 les vas et viens des camions de chantier continuaient toujours alors que notre chorale donnait de la voix au bord de la N126. C’est qu’une décision judiciaire invalidant la poursuite du chantier attend confirmation en appel ce novembre. Atosca le concessionnaire se hâte dans l’espoir d’obtenir la mise en service de l’autoroute par la politique du fait accompli. Que les juges ne se laissent pas impressionner, nous savons que sans le vacarme des moteurs, animaux et végétaux se réapproprient rapidement le bitume et ses abords. Même meurtrie, il n’est jamais trop tard pour la vie.

En attendant, laissons les enfants raconter leur journée :
« J’ai fait construire une cabane avec d’autres enfants. On a mangé dans la cabane sur une table qu’on a installée. Quelques un·es sont allé·es chanter des chansons, installés au bord de la route, et on est reparti » Félix 7 ans et Émil 9 ans.
Alterjournalistes Valérie et Mathieu

