« Alter… » ? Le Larousse en ligne donne une définition unique pour l’adjectif et le nom commun : altermondialiste.
Pour « alternative », le Petit Robert propose en 3e sens : solution de remplacement.
Ainsi les individus qui rêvent et agissent vers un autre monde se sont ils appropriés le terme « Alter ».
Aujourd’hui galvaudés dans un néo-vocabulaire, comme alter-entrepreneuriat, alter-développement, les noms ne font pas tout, les actes sont bien plus forts.
A la fin de l’été 2013, des « Alterindividus » se sont donnés rendez-vous dans un paysage vert et vallonné, tout près de la commune la plus froide de France, dans le Jura.
L’AlterTour a finit son voyage 2013, à l’Altervillage d’Attac.
L’AlterVillage d’Attac rassemble une fois par an une centaine de personnes (adhérentes ou non au mouvement d’ATTAC – rappel : Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) pendant une semaine dans un lieu non conventionnel, cette année à la ferme (autogérée depuis 30 ans) la Batailleuse. Les participants campent, participent à des ateliers, des débats, et partagent les tâches de vie collective : vaisselle, cuisine, tenue du bar, etc.
L’AlterTour est un voyage itinérant à vélo, qui, pendant un mois, va à la rencontre des « alternatives » c’est-à-dire des projets qui cherchent à faire tourner le monde dans un autre sens.
Ici aussi, les participants campent, refont le monde entre eux ou avec ceux qui les accueillent en chemin, et se répartissent les tâches : préparation des repas, vaisselle, réparation des vélos, conduite des mini bus, etc.
Chaque événement cherche à mettre en lumière une autre façon de vivre et à permettre de l’expérimenter pour de vrai. L’AlterVillage comme l’AlterTour sont des occasions de rendre visible le monde que ces « Alterindividus » souhaitent, et de mettre en cohérence ce qu’ils disent et ce qu’ils font.
Des douches solaires à la cuisine collective, en passant par les toilettes sèches, le déplacement à vélo, le choix de se nourrir avec des produits locaux et souvent issus de l’agriculture biologique, c’est bien qu’un autre monde est possible.
Au-delà de ces démonstrations pratiques éphémères, l’AlterTour a aussi croisé le chemin de projets qui inscrivent ces pratiques dans la durée.
Par exemple : l’association Fruimalin à Dijon (1 an d’existence), l’association Graines de Noé (3ans), le restaurant municipal de Lons-le-Saulnier (2 ans), la ferme de la Batailleuse (30 ans) ; certains projets sont jeunes mais ont de belles perspectives.
Dans cet autre monde, on tente aussi de réinventer des sujets plus ardus que la vie quotidienne :
• les relations sociales : pas de fonctionnement hiérarchique, les décisions sont discutées et adoptées le plus possible par consensus.
• le rôle de l’argent. Le montant de la participation à l’AlterTour dépend des revenus afin de permettre au plus grand nombre de participer, l’AlterVillage lui fonctionne sur le principe du prix libre : un prix de revient est indiqué pour la nourriture et l’accueil, mais la participation de chacun est libre et non contrôlée.
Cet autre monde est possible, la preuve !
Des exemples de la diversité de « l‘Altermonde » que nous voulons, tirés de l’organisation de la préparation des repas. A l’AlterVillage, le livret de référence mentionne jour par jour, repas par repas, les successions de tâches à accomplir avec quantités, aides pour anticiper sur le lendemain, etc.
A l’AlterTour, lors du briefing du soir, une équipe cuisine est créée avec des volontaires pour chaque repas du lendemain. Chaque équipe va choisir son menu en fonction des stocks de produits frais et secs dans le camion. Il y a certes un livret avec des suggestions de recettes et de quantités mais la liberté et les risques sont totaux …J’avoue n’avoir jamais été déçue !
Ce voyage à vélo comme ce village démontrent qu’un autre monde est possible nous obligeant à réinventer des règles, des conventions pour que le monde tourne dans un sens différent où beaucoup d’individus alter ou pas seraient plus à leur aise
Merci à Raphaël pour les échanges qui ont inspiré ce texte.
AD / Septembre 2013