Étape du 15 août : La Ferme de Coët Ruel à Sulniac et la r.O.n.c.e à Larré

MathieuAgriculture, Bretagne, Édition 2016

Aujourd’hui c’est 15 aout et c’est jour de fête ! Nous enfourchons nos vélos tôt et filons à travers les reliefs vallonnés du Morbihan sous un grand soleil. Quelques côtes plus tard, nous arrivons à la Bergerie de Coët Ruel à Sulniac et découvrons le projet fou d’un couple et de sa dizaine d’amis néo-paysans qui se sont installés il y a 10 ans dans le coin.

Ils n’étaient pas de la région, ni fils d’agriculteurs ni ruraux et ils avaient le rêve de devenir boulangers, brasseurs, maraîchers, éleveurs de bœufs, chèvres, brebis, porcs ou volailles.

Ils se sont rencontrés en posant leur candidature pour reprendre l’unique ferme bio de la région. Ils avaient le choix : soit ils cherchaient un lieu en concurrence les uns contre les autres, soit ils s’unissaient. En créant le collectif de la Marmite en 2006, ils ont fait le pari de l’unité.

Dans cette marmite ont mijoté de fougueux acteurs qui se sont pris en pleine face la difficulté d’accès au foncier et l’incrédulité des agriculteurs déjà en place. Fraichement arrivés, ils n’ont pas hésité à dénoncer le système de l’agriculture conventionnelle. Ils questionnent l’expansionnisme ambiant, l’accroissement du cheptel et des lignes de produits, le conditionnement des subventions, l’absence d’équilibre entre la vie privé et le labeur quotidien.

Ils sont cette nouvelle génération de syndicalistes qui ne veut pas se compromettre avec le système actuel,  qui veut fait table rase et reconstruire l’agriculture paysanne sans ses ruines. Ils sont Jeunes Agriculteurs de la Confédération Paysanne, ils produisent en bio, distribuent leurs produits en magasins de producteurs, en direct, ou sur quelques marchés. Ils partent de rien et marchent à leur rythme, ils ont envie de faire bien et veulent voir grandir leurs enfants.

Ils ont fait du bruit, ils se sont acharnés, ils ont trouvé des terrains dans le coin, ont repris des fermes ou des terres qui appartiennent à la commune. En « rapaces de l’agriculture industrielle », ils ont récupérés des restes d’usines délaissées, construit des hangars à partir de rien, ont fait des chantiers et se sont tous entraidés.

Aujourd’hui cette terre de Questembert est vivante, associative et source d’inspiration. Et parce qu’ils restent petits, légers, et nombreux, ces néo-paysans se protègent les uns les autres, restent libres et avancent. Nous repartons sur la route chargés d’espoir à la découverte du collectif de la Ronce, après quelques kilomètres sous le cagnard.

La r.O.n.c.e (Résister, Organiser, Nourrir, Créer, Exister) est un collectif bien plus accueillant que laisse à penser le nom. Jean-Marie, planteur d’arbres dont le sourire semble accroché au visage nous raconte l’aventure de ce collectif fondé en 2009. Dans une grande ferme, en caravane ou en yourte vivent 8 personnes qui cultivent en permaculture, ont des ânes, cuisent au four à bois, et accueillent sur leurs 7 hectares des gens de passages, de ceux qui luttent et cherchent à vivre libres.

Le r.O.n.c.e a récemment construit un hangar pour proposer des événements culturels et sociaux, et nous sommes ravis d’inaugurer pour la seconde fois le lieu avec la fête qui s’organise avec des gens du coin. Nos hôtes nous gâtent en nous servant un rougail saucisse à faire pâlir les îles, et pour notre plus grand bonheur, se met en place un concert avec une chorale des gens de la région. On y chante a cappella des sons du monde entier, corse, gascon, occitan et bien d’autres encore. C’est beau !

Cette journée s’achève par une présentation dans le hangar sur l’art-activisme. 2 artistes-activistes engagés nous exposent le parallèle entre les principes permacoles et la capacité de l’art à mobiliser les acteurs pour rêver le monde de demain.

Quelle journée riche, et un peu extraordinaire, car c’était mon anniversaire ! 26 piges et la furieuse envie de continuer à rouler auprès des engagés.

Marine