Et si on parlait des règles à l’AlterTour ?

AlterTourAlterTour, Edition 2019, Nouvelle-Aquitaine, Témoignages

Hier, au retour de la Vélorution à la Rochelle, le collectif Zéro Déchet nous attendait à la Chèvre Rit. Ils nous présentent – entre autres – des alternatives aux protections hygiéniques jetables. On commence à connaître les protections lavables et la cup menstruelle mais Clémence s’étonne de voir cette éponge absorbante jaune. « Ça ne me donne pas envie de tester! »  Cela fait écho aux discussions du pique-nique du midi. 

Les règles, un sujet tabou sur l’AlterTour ?

Sur l’AlterTour, plus de la moitié des Altercyclistes sont des femmes, une grande majorité étant concernée par le sujet. Au pique-nique, ça a fait débat.

Pourquoi le sang nous met-il si mal à l’aise ? Pourquoi considère-t-on que le sang des règles est plus sale que le sang d’une plaie ? Pourquoi se cache-t-on pour laver une tache sur une petite culotte alors qu’on lave le sang qu’ont laissé nos coupures sur nos tee-shirts ou pantalons sans se poser de questions ? Maëlle s’interroge aussi sur les pubs à la télé : pourquoi nous montre-t-on du sang bleu ? 

Dutti rajoute « si les règles sont taboues, les fuites urinaires de « nous les personnes âgées » le sont encore plus ! Et ça concerne les femmes aussi bien que les hommes ».

Des idées pour mieux s’organiser, pour le confort de toutes

Comment s’organise-t-on quand on a nos règles pendant l’AlterTour ? Pourquoi le sujet reste-t-il tabou même au sein de l’AlterTour, qui se veut bienveillant ? 

Les langues se sont déliées

Alors que certaines utilisent des protections jetables (ou non), d’autres se sont mises à la cup menstruelle. Dans un cas comme l’autre, il faut s’organiser pour le confort de toutes. 

La discussion commence par des observations : Anne a trouvé une serviette hygiénique à la douche. Un oubli en l’absence de toilettes à proximité. Bénédicte nous dit qu’il y avait une bassine pour laver les cups avant. Marion nous partage sa peur de faire tomber sa cup dans les toilettes sèches.

On enchaîne par un petit brainstorming d’idées : dédier un réchaud et une petite casserole pour faire bouillir les cups, prendre un pot de fleur ou de fromage blanc qui ferait office de poubelle dans les toilettes et notre douche portable. 

On a même imaginé un conseil des femmes pour formaliser un espace de discussion au sein de l’AlterTour sur ces sujets. Geneviève approuve l’idée en proposant d’y inviter les hommes pour qu’ils se rendent compte de nos difficultés, qu’ils écoutent, comprennent. Ivan n’est pas certain que l’idée soit bonne et se demande si des hommes n’interviendraient pas à la manière d’un « monsieur-je-sais-tout »? Simon, au contraire, pense qu’on a « besoin de récits pour comprendre ce que vous vivez. Pour nous, c’est flou, on n’imagine pas ».

La discussion se poursuit : Frédérique nous dit qu’elle aimait avoir ses règles. Très active, c’était pour elle quelques jours par mois où elle savait s’écouter et respecter ses besoins. Ici, Léa prend le minibus ce matin pour rejoindre la troupe de cyclistes. Elle prétexte un mal de crâne et nous avoue au déjeuner avoir eu des douleurs liées aux règles.

On aimerait en parler davantage entre nous pour rassurer celles pour qui le(s) sujet(s) serai(en)t un frein à l’inscription et pour que chacune se sente bien au sein de l’AlterTour même avec ses règles ou ses fuites.

Les valeurs de l’AlterTour nous permettent d’en parler sans tabou. Profitons-en ! 

Marion P