Le Sans-Culotte, le journal d’investigation de Vendée

MathieuAlterTour, Edition 2019, Pays de la Loire, Transverse

Le 24 juillet au soir, AlterTour a rencontré Marie Coq, rédactrice en chef et journaliste du journal indépendant vendéen Le Sans-Culotte. Depuis 2007, le journal diffuse l’information locale sans tabou grâce à ses deux journalistes. Il met un poing d’honneur à tenir une responsabilité du dire et à garantir la plus grande qualité de ses informations à son lectorat, en travaillant notamment sur des dossiers lourds de plusieurs mois d’investigation. Le journal a récemment été accusé par Philippe De Villiers pour diffamation dans un de ses articles qui dénonce son coup de force dans l’entreprise familiale du Puy Du Fou (voir l’article en ligne sur Médiapart « Le juteux business de la famille Villiers au Puy du Fou » du 30 août 2018).

Nous nous sommes entretenus avec Marie Coq au sujet de l’état de santé de la presse actuelle. Le Sans-Culotte, dont le premier numéro s’est écoulé à un tirage de 700 exemplaires, tirait jusqu’en février dernier 6 500 exemplaires pour les Vendéens. Les locaux ont la chance de bénéficier d’articles de fond décapants sur leur territoire, choisi entre tous ceux qui constitue l’espace national, pour son esprit de révolte et de justice pendant la Révolution française et la Guerre de Vendée (entre 1789 et 1793), et pour son fort caractère identitaire.

Le Sans-Culotte a été progressivement victime de son succès car à mesure que le lectorat s’est densifié, les conditions éditoriales et de production ont stagné. La lourdeur chronophage de la partie administrative dans l’édition du périodique a dernièrement essouflé le journal. Marie a provisoirement suspendu tout tirage jusqu’à octobre prochain, avec la création d’un poste de comptable.

Le 24 juillet, l’AlterTour a compté parmi ses altercyclistes Bruno Clémentin, éditorialiste du journal indépendant La Décroissance. La discussion sur la presse s’est ainsi nourrie d’une distinction typologique entre presse régionale et presse nationale. Si le taux d’exemplaires invendus – devenant papier bouillonné (entendez recyclé)- peut s’élever à 40 voire 50 % d’un tirage dans un journal comme La Décroissance, il n’est guère raisonnable d’envisager le manque à gagner d’un tirage au-delà de 20 pour cent en raison du déséquilibre entre coût de production (charges salariales et d’impression) et les recettes dans un journal local tel Le Sans-Culotte.

 La rencontre avec Marie Coq s’est clôturée par une réflexion des enjeux de la presse papier et de la presse numérisée (et in extenso de la presse qui a adopté le tout numérique ). Dans le cercle d’altercyclistes, se sont investis plusieurs avocats des principes éthiques des media d’informations en ligne (journaux, blogs) contre une position plus tranchée  de nos intervenants journalistes face au numérique. Toutefois, un consensus semble avoir été trouvé parmi les participants pour reconnaître la trempe que suppose la création d’un nouveau journal : face à la maturation d’un projet éditorial que nécessite un système technique complexe –la presse (avec imprimeurs, distributeurs) ; semble se jauger la difficulté toute relative que représente la création d’un nouveau blog, par exemple.

A travers sa chaleur et son engouement à défendre « le spectacle renouvelée tous les mois »  (dixit Bruno Clémentin)-qu’est tout nouveau tirage d’un journal indépendant – ainsi que les « artisans de la presse » (dixit Marie Coq)- que sont les journalistes indépendants, Marie Coq a démontré sa paternité, d’une initiative très militante, assumée aujourd’hui seule, avec générosité et émotion. Merci !

Clémence