Étape du 17 août : La Communauté Emmaüs Lescar-Pau, Code Béarn et le GFAM du Béarn

MathieuAgriculture, Alimentation, Habitat, Nouvelle-Aquitaine, Lutte, Social, Édition 2012, Transverse

Après un sommeil bercé par le ronronnement de la voie d’entrée dans Pau et le petit déjeuner habituel, nous quittons le beau parc de la MNE et ses occupants forts sympathiques pour nous rendre à Emmaüs Lescar-Pau. Nous y sommes accueillis avec un café bien fort et des pains au chocolat.
Ensuite, nous nous répartissons en quatre groupes pour visiter cet immense lieu de vie et de travail qui s’étend maintenant sur 11 hectares : ateliers de stockage, de tri, de recyclage, de remise en état, de revente ; un village de mobil-homes et de maisons toutes différentes et originales et économiques en énergie, conçues par un architecte selon les souhaits des occupants, avec des matériaux de récupération ; une ferme avec des animaux divers (volailles, cochons, vaches), potagers, serres, fruitiers ; une « mairies » pour des réunions…
On découvre des fresques originales comprenant la phrase « oser, risquer l’utopie avec et pour l’homme » et même une machine à laver à pédales témoin d’une créativité foisonnante.

La communauté existe depuis trente ans et s’est agrandie petit à petit. 130 compagnons y vivent, certains en couple ou en famille ; il y a une dizaine de salariés et des chantiers estivaux de bénévoles, une épicerie, un restaurant et une conserverie sont en projet. Germain, le fondateur, nous dit avec passion, «  On est des porteurs de projet, on ne fait pas de misérabilisme. On n’a pas de subvention, ce qui donne une liberté totale d’action ». En partant, Geneviève rappelle qu’Emmaüs Lescar Pau a donné un coup de main essentiel à la réalisation du premier AlterTour de 2008.

Des membres du Comité Territorial d’Arbus-Code Béarn pédalent avec nous jusqu’à la pause du midi devant le stage du village d’Arbus, où ils nous reçoivent, en présence du maire, avec un buffet grandiose. Ce groupe lutte contre un projet de route à péage Pau-Oloron, maillon pour relier Bordeaux et Zaragoza (E7). Ce projet, abandonné dans le cadre de la loi Grenelle II, est ressorti par le Conseil Général de Pyrénées-Atlantiques, qui veut le financer à l’aide d’une concession privée. Les militants nous exposent à quel point cette route de 25 km, qui couterait 500 millions d’euros, est insensée sur les plans humain, économique, environnemental et sociétal.

Après une montée corsée sous une température qui dépasse celle du corps, suivie d’une descente à pied sur une impasse carrossable, nous découvrons la ferme de Marc et Mireille à Maison Priou, située dans un coteau d’une grande beauté. Depuis 1988, ils y élèvent des chèvres et brebis et font du fromage. Ils s’y sont installés dans le cadre du GFAM du Béarn, groupement foncier agricole mutualiste, qui achète des terrains grâce à des souscriptions de parts et les loue à des agriculteurs à bas prix. Cette ferme est sous la menace d’expropriation pour le projet de route E7. On imagine mal déboucher un tunnel dans cette colline calme, suivie d’un viaduc. Quelle destruction pour gagner 20 minutes, alors que le pic du pétrole bon marché est atteint !
Sous un soleil de plomb nous traversons des paysages de plus en plus vallonnés, en nous rapprochant des Pyrénées qui s’étendent devant nos yeux émerveillés.

Le soir, nous sommes accueillis par la mairie de Précihon. Trempés de sœur, nous montons les tentes et faisons la queue devant les douches pendant que nos accueillants attendent patiemment pour nous servir un autre buffet grandiose. Enfin, avec plus d’une heure de retard, avec les personnes venues à notre rencontre, nous regardons un film sur les impacts négatifs du projet de tunnel du Somport, fait avec la réalisation de celui-ci (« Aspe, une vallée en sursis »). Le débat passionné et passionnant qui s’ensuit  évoque entre autre la LGV, le ferroutage, l’importance de relocaliser la production et la consommation au lieu de transporter des marchandises dans tous les sens, la remise en service du chemin de fer ; puis il se termine autour de la question des moyens d’action.
La fraicheur de la nuit nous fait du bien, après cette journée chaude et riche en rencontres

Ingeborg